Retour sur les échanges avec Badiadji Horrétowdo, Mutt-Lon et Danielle Eyango à la médiathèque de l’Institut Français du Cameroun à Douala
Le 18 mars dernier, l’antenne de Douala de l’Institut Français du Cameroun a organisé une table ronde. Elle s’intégrait dans le cadre de la deuxième journée de la troisième édition de la Semaine de la Littérature Africaine. Elle était animée par Badiadji Horrétowdo, Mutt-Lon et Danielle Eyango. L’échange modéré par l’auteure de Quand les racines chantent avait pour thème « Histoire, littérature et développement de l’Afrique ». Pour déployer celui-ci, les auteurs ont tiré des exemples et des arguments de leurs œuvres et de la situation sociale, économique et politique passée et actuelle.
Décrire et évaluer le niveau de développement de l’Afrique
Dès le début des échanges à l’Institut Français du Cameroun, les auteurs se sont prononcés sur leur vision du niveau actuel du développement de l’Afrique. Il est clairement apparu que le continent noir a encore des efforts à fournir sur ce point. En se basant sur Les 700 aveugles de Bafia, Mutt-Lon a porté un doigt accusateur sur la situation d’asservissement dans laquelle se trouvent de nombreux africains. Selon l’auteur, le progrès de plusieurs pays du continent est limité à cause de leur incapacité à transformer leurs produits naturels ou leurs matières premières.
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Par ailleurs, Badiadji Horrétowdo a essentiellement critiqué le système de récompense sociétal. Tel qu’il le décrit dans L’âme perdue, il est biaisé par la médiocrité, l’incompétence et la régression dans le travail. Ces facteurs constituent un handicap majeur pour une communauté qui aspire au développement. En clair, ils ne sont pas favorables à la croissance d’un État quel que soit leur niveau d’application.


Pendant cette discussion à l’Institut Français du Cameroun, ces deux écrivains se sont entendus sur un point précis. D’après eux, l’histoire coloniale n’a pas simplifié les aspirations progressistes de l’Afrique. En d’autres termes, elle n’est pas entièrement responsable des malheurs du continent. Les gouvernements qui activent la corruption, l’injustice voire le crime social partagent avec elle cette responsabilité.
Proposer des solutions
Après avoir mis à nu les problèmes contextuels qui émanent du thème, Danielle Eyango a fait ressortir quelques pistes de solution. Ainsi, Mutt-Lon a pu mettre l’accent sur l’impératif de la transformation. « Ce qui se voit montre le niveau de développement […] Il s’agit de voir qu’est-ce qu’on transforme afin de se développer » a-t-il dit avec insistance.
D’autre part, Badiadji Horrétowdo a ajouté : « La voix du développement, on la connaît : c’est l’école […] Le progrès, c’est tous les outils que nous avons à travers l’école ». En évoquant l’instance éducative, il s’est focalisé sur l’offre de l’excellence. Il a donc proposé de mettre en place un système progressif basé sur le mérite.


Pour clore cette rencontre à l’Institut Français du Cameroun, Danielle Eyango a posé sur la table une question fort audacieuse. « Comment cette littérature qui n’est pas libre peut-elle aider le continent à se développer ? ». D’après ses dires, cette liberté s’apprécie par rapport à la langue française et aux valeurs culturelles françaises qu’elle porte. Après des interventions assez brèves, on pouvait juste retenir le parallèle fait entre la liberté et la vérité sur ce sujet.
Ceci dit, pour poursuivre les échanges avec Mutt-Lon, l’Institut Français du Cameroun à Douala invite le public à une rencontre-dédicace ce 20 mars 2023 à partir de 16 heures.