Attitude de la femme infidèle dans Une Vie de boy de Ferdinand Oyono
La femme infidèle est le personnage de nombreuses œuvres. Dans la littérature africaine, elle inspire le plus souvent la figure de la mauvaise femme. Des auteurs comme Ferdinand Oyono trahissent son vice par plusieurs caractères. Dans Une Vie de boy, l’auteur décrit les actes suspects qu’adopte cette dernière vis-à-vis de son époux. La représentante de ce mauvais genre est la femme du Commandant dont Toumbi, le héros du roman, est le boy. Cette patronne a par ailleurs un caractère qui trahit son infidélité.
Le malaise de Madame
Malgré son vice la femme infidèle a des difficultés à cacher ses remords. En présence de son époux elle perd confiance en elle. La gêne exprimée est particulièrement présente lorsque son infidélité est encore à ses débuts. Elle se pose des questions sur la réaction de son mari après le dévoilement de son acte. Elle tient à lui ou simplement à la fortune et à la position sociale que son mariage lui garantit. Qu’importe son véritable sentiment la femme du commandant craignait son partenaire de vie. Toumbi était au courant de l’infidélité de Madame. Il connaissait la raison du malaise de sa patronne lorsque le commandant était près d’elle.
Quand elle souriait au commandant, la sueur qui perlait sur son front témoignait des efforts qu’elle faisait pour rire le plus naturellement du monde. Elle y parvenait difficilement tout en tamponnant une larme imaginaire. (p.109)
La rupture du dialogue
La culpabilité est un sentiment qui pousse généralement à une modification de comportement. Dans le cas de la patronne de Toumbi, elle l’empêchait de garder son caractère convivial. Lorsqu’elle se trouvait en tête à tête avec son époux, elle avait du mal à rester aussi divertissante que d’habitude. Elle semblait éprouver une sorte de honte inavouable dont seuls les domestiques de la résidence en maitrisaient la raison.
Le déjeuner fut morne. Un silence lourd planait dans la maison. Je me tenais tout près du réfrigérateur. Le commandant me tournait le dos. Madame baissait ostensiblement le nez dans son assiette. Avant le départ de Monsieur, les repas étaient gais et le babillage de Madame donnait un peu de vie à leur tête à tête quotidien. (105)
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La froideur de la maîtresse
Il est considéré que l’infidélité entrave les rapports intimes au sein d’un couple. La personne fautive aura tendance à être indisposée et indifférente aux marques d’affection de l’autre. Les sentiments partagés apparaitront moins intenses. Elle se sentira ennuyée par son partenaire qui sera considéré comme un obstacle entre son amant et elle.
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Il fallait que je voie les manières de Madame au retour de son mari, maintenant qu’elle l’avait trompé. Emmitouflée dans son peignoir éponge, elle attendait le commandant sur la véranda. Elle esquissa un pâle sourire et vint à sa rencontre. Mon maître l’embrassa sur la bouche. Pour la première fois, Madame ne ferma pas les yeux. (103)
Le trop plein de soin
L’excès d’affection est souvent le moyen de compenser une erreur ou une faute. Il est question d’apaiser son esprit d’un côté et de voiler son infidélité d’un autre. La femme du commandant multiplie les gestes de tendresse à l’endroit de son mari. Cependant, ces gestes gardent un goût de nervosité et nécessitent un effort considérable. Pourtant, le patron demeure inconscient de ce détail car il n’aperçoit : ni de ces petits soins superflus que prodiguent à leur mari les femmes qui n’ont pas la conscience tranquille (108) tel que l’observe son boy.
Toutes les femmes infidèles n’ont pas la même attitude à l’égard de leur époux. Certaines se montrent distantes tandis que d’autres sont plus proches de celui-ci. Dans tous les cas, une modification du comportement s’opère. Au demeurant, la femme infidèle n’est pas celle-là qui a cessé d’aimer son conjoint comme le démontre Ferdinand Oyono dans Une vie de boy. La femme du commandant exprime son attachement lorsque son méfait est découvert. Elle nie puis s’effondre de tristesse en guise d’aveu. Ainsi, que reste-t-il de son mariage ? parvient-elle à reconquérir le commandant ?