Comment éviter de se faire arnaquer par des maisons d’édition ?
Plusieurs jeunes écrivains se font arnaquer par des maisons d’édition. Après la rédaction de leur œuvre, ils sont très enthousiastes de voir leur travail publié. De ce fait, certains commettent de nombreuses erreurs. Ils acceptent n’importe quoi de la part de la maison d’édition qui retient leur œuvre. Ils se font escroquer en signant des contrats qui sont en leur défaveur. Pourtant avec quelques recherches dans le domaine de l’édition, ils peuvent s’éviter des désagréments. Si vous avez un manuscrit et désirez éviter une arnaque, voici quelques idées pratiques pour vous.
Renseignez-vous suffisamment sur les lois règlementant le secteur de l’édition
Lorsque vous envisagez de vous faire éditer, votre première initiative doit être de vous documenter sur le fonctionnement du secteur de l’édition dans votre pays. Les principaux documents à consulter dans l’optique d’éviter d’éventuels arnaques sont les textes de lois. Ce sont des instruments juridiques dont la connaissance vous permet de protéger le fruit de vos efforts.
Au Cameroun le secteur de l’édition n’est pas règlementé de façon optimale. La Loi no 2000/011 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins donne quelques pistes de compréhension sur les règles qui l’encadrent. Cependant, il faut encore lire d’autres textes sur la propriété intellectuelle et l’organisation du marché du livre. Soyez curieux et regardez ce qui se passe dans d’autres pays dans le cadre du secteur éditorial.
LoiLe but de ces lectures est de vous ouvrir les yeux sur les potentiels abus que vous pourriez subir. En effet, si face à un éditeur vous êtes ignorant des principes légaux qui sécurisent vos travaux, vous courez davantage le risque d’être arnaqué sans vous en rendre compte. Pourtant, si vous êtes averti, vous pourriez réagir promptement à cette malveillance.
Aller vers des maisons d’édition établies
Renseignez-vous longuement sur les maisons d’édition de votre pays. Rapprochez-vous des auteurs et des libraires afin d’avoir leurs avis sur le marché de l’édition. Vous pourriez repérer celles qui se disent éditrices mais qui ne le sont pas. En fait, certaines sont plus des prestataires de service et des imprimeurs que de véritables éditeurs. De même, vous auriez des questions à poser face aux éditeurs et pourriez comprendre quand il y’a entourloupe.
Au Cameroun, il existe un nombre assez varié de maison d’édition notamment MUNTU, Proximité, Ifrikiya et Gh’otam. Ces dernières, et d’autres encore, sont proches de leur public et communiquent aisément. Il est possible d’approcher leur responsable sur les réseaux sociaux et de leur poser des questions avant même d’envoyer votre manuscrit.
Cependant, vous ne devez pas vous rendre chez n’importe quel éditeur. Renseignez-vous à l’avance sur la ligne éditoriale de chacun. En effet, plusieurs éditeurs se focalisent sur des genres ou des thèmes en particulier. Rassurez-vous donc que votre texte part en droite ligne avec ce que l’éditeur ciblé publie. Allez sur leur site et leur page et lisez certains de leurs livres.
Bien rédiger et présenter votre tapuscrit
Après avoir défini la liste des maisons d’édition susceptibles de retenir votre texte vous pouvez prendre contact avec elles et envoyer votre tapuscrit. Ce manuscrit tapé devrait avoir été minutieusement relu et corrigé par vous, par des connaissances ou par des professionnels. Accordez du temps et de l’attention dans sa réécriture afin de vous assurer de la cohérence de votre histoire ou de vos arguments.
Vous devez être convaincu de la qualité de votre travail avant de l’envoyer. Cette confiance accordée à votre œuvre vous évitera d’accepter certains abus. Dites-vous que si votre œuvre est exceptionnelle, l’éditeur n’aura pas à réclamer de l’argent pour vous publier. L’éditeur connaît son public et ce qu’il aime lire. Alors s’il est convaincu de faire des ventes, il vous prendra au sérieux.
Bien négocier et lire le contrat d’édition
Lire attentivement le contrat vous permet d’assimiler le type de droits qui vous revient. Ceci vous évite des blocages au niveau de la réédition, de la traduction, de l’adaptation et d’autre manipulation à venir de votre texte. Assurez-vous, par votre contrat, de garder une marge de manœuvre sur vos droits même dans le cadre d’un contrat à compte d’éditeur. Si les conditions du contrat préliminaire ne vous conviennent pas vous pouvez toujours vous résilier si vous n’avez pas signé, demander des modifications ou aller ailleurs.
Soyez attentif à la durée du contrat ou de l’exploitation de vos droits, aux moyens de diffusion, aux moyens de rémunération et au nombre d’exemplaire. Il faut aussi évaluer les conditions de reprise de vos droits, les droits annexes inclus dans le contrat notamment le droit de préférence, le droit de regard sur la couverture. De même, le titre, la quatrième de couverture et autres modifications de votre tapuscrit, le droit d’adaptation et de reproduction doivent être minutieusement étudiés.
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Si vous optez pour un contrat à titre d’auteur, assurez-vous de détenir pleinement vos droits d’auteur. Ce type de contrat fait de votre « éditeur » un prestataire de service. Vous leur payez pour les corrections, la mise en page et l’impression et vous vous chargez de la distribution, de la commercialisation, de la gestion des stocks et de la promotion. De fois, il vous est demandé d’acheter quelques exemplaires de votre propre livre. Il ne fait pas véritablement le travail d’un éditeur qui doit se charger de toutes ces activités. Vous n’avez pas à participer financièrement au processus de publication puisqu’il entre dans ces frais à travers les droits d’auteur que vous lui cédez dans le contrat à compte d’éditeur. De ce fait, il est conseillé de ne pas céder vos droits si vous avez financé pour l’édition.
Malheureusement, les prix proposés dans le cadre du contrat dit à titre d’auteur peuvent être exorbitants. Prenez soin de comparer les prix avec ceux proposés par des imprimeurs. Si vous n’êtes pas satisfait, approchez-vous des imprimeurs qui peuvent tout aussi bien corriger et mettre en page votre œuvre. Leurs services sont généralement moins gouteux. Vous pourriez ainsi avoir le nombre d’exemplaire souhaité, fixer vos prix de vente, distribuer et promouvoir vos œuvres librement en profitant des retombés. En bref, c’est préférable, car moins couteux, de vous autoéditer au lieu de signer pour une contrat d’édition à compte d’auteur.
Fréquenter l’éditeur
Une fois votre texte envoyé, ne vous couchez pas sur vos lauriers. Restez proche de votre éditeur même après la signature du contrat. Suivez de près l’évolution de votre texte dans la maison d’édition de votre choix afin que les termes du contrat soient respectés. Même-ci vous avez signé à compte d’éditeur vous n’êtes à l’abri de mauvaises surprises.
En effet, votre maison d’édition peut faire abstraction de la communication de votre texte. Autrement dit, elle se contentera de produire votre livre, de le mettre en stock et les lecteurs ne pourront plus le retrouver après le premier tirage. De même, elle peut ne pas vous communiquer les chiffres de vente afin de ne pas vous payer le moment venu. Au pire, elle peut faire faillite sans vous informer et vous mener par le bout du nez pendant des années avant que vous ne puissiez récupérer vos droits.
Soyez actif et prenez des initiatives afin de créer de la complicité avec votre éditeur. Soyez au fait des activités et des évènements élaborés par l’éditeur autour de votre œuvre. Même-ci la promotion et la communication sont de leur engagement, vous pouvez les accompagner en proposant des idées dans ce sens.
Comme nous l’avons dit plus haut, l’œuvre littéraire est sujette à de nombreuses manipulations. La maison d’’édition qui dispose des droits sur votre œuvre peut en faire de nombreuses dérivées en l’adaptant à d’autres genres, sur d’autres médias ou en sortant une version audio. Normalement, votre autorisation est nécessaire et vous faites figure de co-auteur pour l’œuvre dérivée de la vôtre. Vous pouvez de fait percevoir une certaine rémunération des revenus de celle-ci et vous rassurer qu’elle ne dénature pas la vôtre. Alors, restez vigilant.